4 septembre 2025 (Brazzaville, République du Congo / Sacramento, Californie) — Un nouveau rapport, publié par Earth Insight et le Centre d’Actions pour le Développement (CAD), révèle les menaces sans précédent qui pèsent sur les zones protégées les plus riches en biodiversité de la République du Congo. Ces menaces sont liées à l’octroi récent de permis d’exploration pétrolière qui sont en conflit avec les lois nationales en matière de conservation et les engagements internationaux. Ce rapport a été publié lors de la Semaine Africaine du Climat qui se tient actuellement à Addis-Abeba, en Éthiopie, et juste avant le Sommet Africain sur le Climat, qui débutera le 8 septembre, également à Addis-Abeba.
Deux blocs pétroliers chevauchent plus de la moitié de la superficie terrestre du parc national de Conkouati-Douli et près de 90 % de ses zones humides, mettant en danger des espèces menacées ainsi que 7 000 habitants de la région. Ces menaces sont liées à l’octroi récent de permis d’exploration pétrolière qui sont en conflit avec les lois nationales en matière de conservation et les engagements internationaux. Télécharger le rapport (en français), en anglais ou le dossier complet rapport
Le nouveau rapport intitulé « Menaces Croissantes Liées à L’Exploration Pétrolière Pour le Parc National de Conkouati-Douli en République du Congo » révèle comment deux blocs d’exploration pétrolière controversés chevauchent désormais plus de la moitié de la superficie terrestre du parc et près de 90 % de ses zones humides, menaçant l’une des dernières forêts tropicales et l’un des derniers écosystèmes côtiers intacts d’Afrique centrale.
Les conclusions soulignent l’incapacité à faire respecter les lois sur la conservation, permettant ainsi aux menaces industrielles d’empiéter sur certaines des zones les plus critiques du bassin du Congo. Veuillez consulter les cartes/visuels téléchargeables ici. Le parc national de Conkouati-Douli a été créé par décret présidentiel en 1999 et couvre plus de 8 000 km² de forêt tropicale, de zones humides, de mangroves, de rivières, d’estuaires et de zones marines. Le cadre juridique fondateur du parc interdit les activités extractives dans les zones de conservation centrales et impose une zone tampon de 5 km où le développement est restreint. Malgré ces mesures de protection, le gouvernement a accordé une licence pour le bloc pétrolier de Conkouati à China Oil Natural Gas Overseas Holding United en février 2024, puis a approuvé le bloc Niambi en avril 2025. Les organisations locales de la société civile ont exprimé leur vive opposition à ces permis pétroliers, et 13 ONG nationales ont signé une déclaration publique demandant leur annulation immédiate.
« Le parc national de Conkouati est un sanctuaire de la vie, pas une ressource à détruire. L’octroi de blocs pétroliers dans ce parc national est une décision politique extrêmement grave. Elle viole non seulement les lois nationales en matière de conservation, mais aussi les conventions internationales ratifiées par la République du Congo. »
TRESOR NZILA, Directeur exécutif CAD
Voici quelques-unes des principales conclusions du rapport :
« À l’heure où les crises climatiques et les atteintes à la biodiversité s’accélèrent, la voie à suivre pour les aires protégées telles que le parc de Conkouati-Douli est claire : aucune extraction de combustibles fossiles ne doit empiéter sur ces zones.»
Katie Boston, analyste spatiale senior chez Earth Insight et co-auteure du rapport
« La préservation de ce paysage irremplaçable est essentielle non seulement pour les espèces et les communautés qui en dépendent, mais également pour garantir la stabilité écologique mondiale des futures générations. La République du Congo doit immédiatement révoquer ces permis et appliquer les protections prévues par la loi, sans lesquelles les parcs nationaux perdent tout leur sens.» Le rapport préconise trois mesures urgentes : révoquer les permis pétroliers qui empiètent sur le parc national de Conkouati-Douli et ses zones tampons ; respecter et appliquer la législation environnementale afin de garantir que les zones protégées restent exemptes d’activités extractives ; et garantir la transparence et le caractère inclusif des processus décisionnels, assorti d’une consultation significative des peuples autochtones, des communautés locales et des organisations de la société civile.
Les menaces qui pèsent sur le parc de Conkouati-Douli soulignent les pressions industrielles plus larges auxquelles est confronté le bassin du Congo. Ce dernier, deuxième plus grande forêt tropicale humide au monde et puits de carbone essentiel, approche selon les recherches d’un point de bascule alarmant. Ces développements soulèvent également des inquiétudes quant au respect des engagements internationaux pris par la République du Congo, notamment lors du Sommet des trois bassins en 2023 et lors du Cadre mondial de la biodiversité de Kunming à Montréal.